Communiqué
de l’association de Contribuables CANOL
Objet : La cour
administrative d’appel de Lyon confirme le bien-fondé des actions de CANOL
contre le Conseil Général et le Grand Lyon qui subventionnent l’Olympique
Lyonnais et le Grand Prix de Tennis de Lyon
Le 15 décembre 2011, à la demande de CANOL, la Cour Administrative d’Appel de Lyon a publié 3 arrêts, annulant des délibérations du Conseil Général du Rhône et du Grand Lyon :
1.
Grand Prix de
Tennis de Lyon
Par un jugement du 2
août 2010, le Tribunal Administratif de Lyon avait condamné le
Conseil Général du Rhône pour l’achat
de places de matchs de tennis (notamment 36 places en loge VIP
au sein du «village du Grand Prix»)
à la société CANAL + EVENTS
représentant un montant de 128 324
€.
Ce versement, nettement
supérieur à la valeur des places achetées, permettait au président du conseil
général, d’honorer certains membres du personnel, les conseillers généraux, des
responsables d’associations subventionnées, des responsables d’entreprises amies
et certains élus locaux.
Le conseil général avait
fait appel de cette décision et l’illégalité de ce marché vient d’être
confirmée, « la délibération litigieuse ne précisant pas l’objectif
poursuivi par le Département du Rhône,
et ne déterminant par suite pas la nature du besoin à satisfaire , opération
préalable à la mise en oeuvre de mesures de publicité et de mise en concurrence
adaptées à l’objet du marché ».
La requête du Département
du Rhône est donc rejetée.
2.
Achats 2008, 2009 et 2010 de places de
match de l’Olympique Lyonnais
Le conseil général du
Rhône achète chaque année pour 600 000 à 900 000 € de
places de match de l’O.L.
L’association CANOL (Contribuables Actifs du Lyonnais) avait demandé
l’annulation de ces achats pour la
saison 2007/2008 et le Tribunal administratif de Lyon lui avait donné raison
par jugement du 13 novembre 2009. Le conseil général avait fait appel de cette
décision, et la Cour administrative
d’appel, par un jugement du 7 avril 2011, avait confirmé le jugement de 1ère
instance, reprochant au conseil général de ne pas avoir défini
« l’étendue du besoin à satisfaire, évaluée en quantités de titres à
acquérir dans chacune des 3 catégories au regard des sommes qu’il est envisagé
de consacrer à cette action... La délibération litigieuse a méconnu l’article
L.3211-11-1 du code général des collectivités locales. »
CANOL avait démontré que beaucoup de ces
places étaient distribuées en dehors de la cible prétendue du conseil
général qui était « la promotion
des valeurs du sport auprès du milieu associatif ».
Le Département du Rhône avait poursuivi
ces achats pour les saisons 2008, 2009 et 2010, prenant soin de mieux définir
les destinataires présumés de ces places, et instaurant un contrôle a
posteriori de l’usage qui en était fait, sans pour autant en donner la preuve.
CANOL avait demandé l’annulation de ces marchés,
mais le tribunal administratif de Lyon la lui avait refusée, « eu égard à la popularité
du football qui est le sport le plus
pratiqué et celui qui suscite le plus d’engouement auprès des publics auxquels
s’adresse le département, et à la place qu’occupe l’O.L. au niveau national et
européen, aucun autre prestataire n’était en mesure de satisfaire dans les
mêmes conditions le besoin défini. »
Nous avons fait appel de ce jugement et la
Cour Administrative d’Appel de Lyon vient de le réformer : « l’objectif
du Département du Rhône étant de faciliter l’accès au spectacle sportif et de
faire la promotion de l’activité physique pour encourager la pratique sportive
et son encadrement bénévole, l’association CANOL est fondée à soutenir que les
délibérations attaquées ont méconnu les principes énoncés à l’article 1er
du code des marchés publics, et notamment le principe du libre accès à la
commande publique ».
Les délibérations du Département du Rhône
sont annulées. Il est
enjoint à ce dernier, s’il ne peut obtenir de son cocontractant la résolution
du marché par voie amiable, de saisir le juge du contrat afin qu’il en règle
les modalités dans un délai de 4 mois.
3.
Location de loges à Gerland :
CANOL et un de ses adhérents, Eric FORQUIN, avaient demandé d’annuler
la délibération du bureau de la Communauté Urbaine de Lyon (Grand Lyon) n°
B-2008-0259 datée du 8 septembre 2008,
intitulée « location d’une loge de 18 places dans le stade de Gerland lors de matches à domicile de l’Olympique Lyonnais-
autorisation de signer le marché ».
Ce
marché avait pour but de louer cette loge pour 2 ans au tarif de 291.489,10 € TTC, soit un
coût annuel de 8.096,92 € TTC la place.
Nous considérions qu’il était établi :
·
en
violation du code des marchés publics
·
en absence d’évaluation des besoins
· absence
d’intérêt général pour les habitants du Grand Lyon
Par un jugement du 10
novembre 2010, le tribunal administratif de Lyon avait bien annulé cette
délibération, mais avait considéré que l’association CANOL ne justifiait pas
d’un intérêt lui donnant qualité pour agir vis-à-vis du Grand Lyon.
Nous
avons donc fait appel de cette décision et le Grand Lyon a fait appel de son
côté pour demander l’annulation de ce jugement.
La Cour Administrative d’Appel vient de
confirmer le jugement de 1ère instance :
« Considérant que la location d’une
loge dans le stade de Gerland était motivée par le
fait que, dans le cadre de sa politique de rayonnement de son territoire, la
Communauté Urbaine souhaite tirer partie de la notoriété des clubs sportifs et
des valeurs positives qu’ils représentent pour renforcer son rayonnement et son
image auprès de ses habitants, du public français et européen, que la
communauté urbaine ne peut être regardée comme ayant ainsi défini,
préalablement à son achat, la nature de ses besoins... qu’elle ne peut
utilement se prévaloir, en tout état de cause, ni de ce qu’elle aurait
accueilli des entrepreneurs dans cette loge, ni de ce que les élus qui s’y
rendent seraient amenés à y rencontrer des acteurs de la vie économique et
sociale, dès lors que la définition de la nature des besoins doit être
préalable à l’achat de la prestation ; que, par suite la délibération a
été prise en méconnaissance des dispositions de la loi. »
Elle a également déclaré que, compte tenu
de ses statuts, contrairement à ce que soutient la communauté urbaine de Lyon,
l’association CANOL « justifiait d’un intérêt lui donnant qualité pour
demander l’annulation des délibérations litigieuses qui, en ce qu’elles
approuvent la passation de marchés dont la dépense doit être financée par le
budget de la communauté urbaine, ont des incidences sur la fiscalité pesant sur
les contribuables du département ».
C’est la première fois que la Cour
Administrative d’Appel de Lyon reconnaît expressément l’intérêt à agir de
l’association CANOL.