Le Rhône est un terroir


Paul Vallon

Le Rhône est un terroir; les Givordins de vieille souche ont ce virus dans le sang.
Le matin, quand on se réveille, la première chose qu'on regarde c'est le Rhône. Mieux, avant même de le regarder, on l'écoute chanter sa chan­son de tous les jours ou celle qui annonce parfois la crue...
En regardant le Rhône on sait ce qui se passe dans la région: s'il y a eu une crue sur le haut Rhône, si c'est le Gier... On ne se trompe jamais...

Les jeunes ne vivent plus avec le Rhône comme nous vivions il y a cinquante ou soixante ans. Le Rhône existe tel qu'il est, mais la relation entre l'homme et lui n'est plus aussi évidente qu'autrefois.
Autrefois, les gens qui étaient nés au bord du fleuve jouaient avec le Rhône.


Juliette Costet

Mon père, dès qu'il se levait le matin, il allait dire bonjour au fleuve. Plusieurs fois par jour il regardait le Rhône. Surtout en temps de crue: "II a grossi d'un centimètre, il a diminué de deux centimètres..." <Bien sûr, en regardant de la fenêtre de sa cuisine on voit le fleuve à quelques pas...>


Janine Rolin

C'était agréable! C'était une autre vie quoi...

C'était vivant, c'était autre chose que maintenant! On habitait sur le quai et quand on voyait de la fumée noire vers le pont de Chasse, on disait "ça y est! Voilà un remorqueur!". Et comme on connaissait des gens, on allait au bord du Rhône pour leur faire "bonjour"... Et comme chaque chaland avait son nom, on disait: "Ah! ça c'est untel! et ça un autre..." Une bonne ambiance! Quand on arrivait à Arles avec notre péniche, on disait : "ça c'est la Gracieuse, ça c'est la Belliqueuse etc...". On était content de se retrouver... C'était vraiment une vie de famille.

Les bateaux défilaient sur le Rhône; ça n'arrêtait pas... D'ailleurs maintenant je ne sais pas ce qu'ils en ont fait de toutes ces péniches?

    - Elles ont été découpées pour la ferraille.

    - Il n'y en a plus! Je n'en vois plus... Avant il y avait les "Citerna", les "Rhodania"; les "Citerna" c'était les pétroliers... Il y avait tout cela au
    quai Rambaud à Lyon.

Il y avait deux sociétés de remorqueur: la Société Lyonnaise et, la nôtre, la Société Générale.