LA FETE, FARCEURS ! Antoine Reale Avant la
guerre toutes les classe se réunissaient et ils
faisaient leur concours de joutes sur le bassin. Ils appelaient cela la
"bleue". Toute la population givordine
venait s'asseoir pour assister au spectacle. On apportait le repas, on
mangeait sur place. On assistait au concours de natation; ils jetaient des
canards et les gars se jetaient à la flotte pour aller les chercher; ça se
terminait par un tournoi de joutes entre classes; on appelait cela la
"bleue", à cause de la couleur de l'écharpe que gagnait celui qui
était champion. Francis Palandre Les pirates
étaient des jouteurs, des sauveteurs. D'abord, ce sont les mariniers qui ont
inventé la joute non? Le dimanche, ils joutaient. Il y avait des
guinguettes, ça dansait, ça jouait de l'accordéon. Quand il y avait des
joutes, la fête rassemblait toute la population des alentours... Tu te
rappelles le jour où les conscrits ont pris la barque du père S.? Du Rhône,
ils l'ont monté en ville!... Ils l'avaient mis dans la fontaine. Tu parles
d'une surprise le lendemain matin! Ils avaient
tourné un film à la Roche de Glun sur un pirate.
C'était Michel Simon qui jouait son rôle. Quand ils tournaient les scènes de
pêche la nuit, c'était mon oncle qui le doublait. Penses-tu, Michel Simon
était incapable de ramer sur un bateau. Et le bistrot
du père C, depuis qu'il est mort, il est fermé. Il n'y a plus rien là-bas.
Avec toutes les fêtes qu'on y faisait au bord du Rhône... On allait y manger
la friture, y danser le samedi soir <gare aux moustiques> Antoine Reale Le dimanche
matin, quand il faisait beau, les familles modestes traversaient au pont de
Chasse et s'installaient sur l'herbe, au bord du Rhône, pour passer la
journée. Il y en a qui péchaient, qui se baignaient, qui pique niquaient...
C'était la sortie des Givordins. Quand on
était enfant, au pont de Noailly, on construisait
des radeaux et on descendait le Gier jusqu'au
Rhône. On plongeait du pont dans un grand trou d'eau... Jo Millon On allait
pêcher dans l'île avec la barque. On traversait... Il y avait les boucs à L.
dans l'île. On prenait des coups de cornes dans le c... Un coup, on
jouait aux boules et il y en avait un qui faisait toujours des tours de con!
"Tiens! Un héron!" Dit-il. Il prend son fusil de chasse et tire le
volatile! Du coup, pour pas l'avoir tué pour rien, on l'a mangé. C'était mauvais comme tout! Francis Palandre
et son épouse. Vous voyez
bien, qu'est-ce qu'il y a au Rhône ? Il n'y a plus rien. Il n'y a même plus
de plage, il n'y a plus rien. J'ai appris à nager au "bain de
sable" là-bas (une plage de sable sur une lône).
Maintenant il n'y a plus rien... Il y en a un
qui jetait ses lunettes dans le puits d'enfer. Il plongeait et remontait
ensuite avec les lunettes. Il restait au moins cinq minutes sous l'eau; on
avait l'impression qu'il ne remontait jamais!... Paul Vallon <I1 a été
quatre fois champion de France de joutes: 1946, 1947, 1952 et 1956.> II y avait un
monde fou pour les joutes. Pour un tournoi ordinaire, courant, il y avait
toujours, mille, deux milles, trois milles personnes! Et pour les
championnats de France, il y avait plus de cinq mille personnes! A Givors,
en 1956, le bassin de joutes était plein de monde, une foule bigarrée. Il n'y
avait pas une place pour s'asseoir. Il faut dire
que la joute était différente de celle qu'on pratique aujourd'hui.
Personnellement je mène une bataille au sein de la commission technique de
joutes de la fédération pour essayer d'aboutir à une autre conception de la
joute. Car aujourd'hui, c'est le côté purement sportif qui a pris le dessus
et le côté spectaculaire, le côté "belle passe" a pratiquement
disparu. Les jouteurs actuels tiennent uniquement compte du fait qu'il faut
mouiller l'adversaire, utilisent toutes les possibilités pour cela, même si
elles vont à l'encontre du spectacle de la belle joute. Ce qui fait
qu'actuellement, on voit rarement des passes qui imposent l'admiration du
public, lui coupent le souffle. Il comprend de moins en moins ce qui se
passe dans la joute et déserte de plus en plus les bassins. Autrefois on
préparait la saison de joutes d'une année sur l'autre. On n'avait pas
d'autre occupation. Tandis que maintenant les jeunes ont la possibilité de
goûter à de nombreuses activités. C'est normal. Les sociétés
de sauvetage sont devenues des sociétés sportives. Les sports qui sont
restés traditionnels: la joute, et la barque de sauvetage, sport très dur
pratiqué par beaucoup de jeunes, garçons et filles, sur des barques de type
régional à fond plat, l'avant relevé, qui sont utilisées sur des rivières
à fort courant. Ce sport de la barque comprend la navigation à la rame et l'arpi. Camille Vallin Je traversais
souvent le Rhône à la nage. Mes parents me l'interdisaient: c'était trop
dangereux. Un jour que je traversais en aval du pont de Chasse, j'aperçois
au loin mon père qui péchait au pied de la pile du pont. Je passai en
gardant soigneusement la tête tournée vers le sud. Mon père ne m'a pas
reconnu. Mais le soir, au repas, il m'a fait la morale sur les inconscients
qui traversaient le fleuve à la nage. Il en avait justement vu un le faire
dans la journée.!... Jeannot Vinson Un jour on avait attrapé un gros poisson, peut-être à la nasse; je l'avais bien nettoyé, mis dans un torchon et je l'emmène chez moi. Ma femme le fait cuire. Et alors, pour le couper: impossible! Ils avaient mis un gros fil de cuivre dedans! Enfilé en long dans le poisson! |