Un bref historique sur l’île d’Aphrodite : Chypre

 

Aphrodite :

coupable ou non coupable ?

 

 

      Lorsque la Cour annonce l’arrivée d’Aphrodite un soupir de ravissement s’empare des femmes et des hommes assis dans la salle.

     Elle s’avance vers la barre, le visage dissimulé par un masque de coquillage qui rappelle sa naissance au sein de la mer. Elle est à moitié nue, drapée à partir de la taille d’un voile qui moule harmonieusement les formes de son corps, elle ne porte pas la ceinture magique qui ensorcelle les dieux et les hommes. Ses seins amples et vigoureux se tendent vers le juge qui se trouble en lui adressant la parole : « Votre nom Déesse, votre lieu de naissance… »

     Elle sourit comme à son habitude, un sourire ironique, un brin désabusée : « Mon nom vous le connaissez, n’est-ce pas ? Enfin, celui de Vénus ou d’Aphrodite. On m’a appelé aussi autrefois Anadyoméné, celle qui sort de la mer et Cypris, la cypriote. J’ai porté d’autres noms encore… Quant à mon lieu de naissance, c’est plus compliqué.  Je suis une déesse et à ce titre j’ai deux origines : la première est d’essence céleste. Je la dois à Homère ; selon lui je suis la fille de Zeus et de Dioné. Dans un sens, je devrais en rester à cette version, elle a toujours semblé plus digne aux hommes… » (silence) « Expliquez-vous, demande le juge en se calant sur son siège. » « Eh bien étant fille de Zeus je  bénéficie de  l’immunité olympienne. Et Vénus, fille céleste, contribue à redorer mon blason. A travers elle je suis l’ancêtre des Romains et de la famille impériale. Savez-vous que je figure dans le poème national, l’Enéide ? » – «  Ah !» s’étonne le juge qui a oublié ses humanités. – «… et que César devint dieu à ma demande ; si vous ne me croyez pas, relisez les Métamorphoses  d’Ovide… » – « Mais je vous crois mon enfant (cette onction dans la voix venait de lui échapper : une attirance sexuelle remuait tout à coup ses reins fatigués) ; reprenez s’il vous plaît. » – «  La seconde version n’est plus à mon avantage…  Je la dois à  Hésiode. Il affirme que mon nom est dérivé de aphros, l’écume, et que je suis apparue comme ça  au beau milieu des vagues… En vérité, là haut,  une chose horrible venait de se produire  : Cronos avait tranché le sexe de son père Ouranos et l’avait jeté dans la mer. Peut-être ne devrais-je pas en avoir honte. Isis a-t-elle eu honte de rechercher dans le Nil les parties démembrées d’Osiris ? Et puis, nom de Zeus !  ne suis-je pas née comme vous, Monsieur le Juge… avec du sperme et  beaucoup d’eau (rire dans la salle ; le juge s’étrangle). – « Oui, revenons-en au fait, vous voulez bien ; que s’est-il passé après ? » – « Après ? Rien de particulier, j’ai abordé le sol chypriote et j’ai rempli mon devoir de grande déesse… Car je sais moi d’où je viens en réalité : mon ancêtre s’appelait Astarté, c’était une divinité lunaire d’origine asiatique, une divinité de la fécondité… Et peut-on reprocher quoi que ce soit à la Mère Universelle, à la Terre Nourricière ? répondez-moi Monsieur le juge ? »  Le juge perçut la colère sous le masque de coquillage qu’Aphrodite au risque de foudroyer tout le monde par sa beauté ne pouvait ôter, il fit venir la garde qui conduisit la déesse dans son box. Celui-ci ressemblait davantage à une tribune,  protégé  des regards dans la salle par une claie en bois de cyprès, l’arbre emblématique de l’île de Chypre.  Après son départ, le juge faillit lever la séance car le brouhaha  gagnait la salle. Un coup de marteau rappela tout le monde à l’ordre.  La parole fut donnée au procureur de la République :

     « Ce que nous cache l’accusée, Mesdames et Messieurs les jurés, c’est le déroulement des faits  depuis sa naissance.  Une suite de vilenies et de catastrophes… De crimes contre l’humanité ! A commencer par son infidélité envers Héphaïstos. Elle n’a pas hésité à trahir le Maître des Forges, cet être aimable déjà tant éprouvé par le manque d’amour de sa mère Héra  qui le trouvait trop laid. Et le tromper  avec qui ? Mesdames et messieurs les jurés… Avec Arès, le Dieu de la guerre ! toujours ivre du carnage des batailles… Aphrodite déesse de l’amour ? Mais de quel amour parlons-nous ? Elle n’aimait que physiquement, et détestait les liens quels qu’ils soient et surtout ceux du mariage.  Elle s’offre à tous les dieux qui la désirent : Dionysos, Poséidon. Seul Hermès n’a pas eu ses faveurs mais pour récupérer une sandale elle finit par se donner à lui. Et que dire de sa cruauté ? Elle punissait ceux et celles qui se vantaient de lui être supérieurs.  Les femmes de Lemnos qui négligèrent son culte furent condamnées à sentir mauvais et à être abandonnées des hommes. Elle se vengea d’Hyppolite qui vénérait la vierge Artémis en inspirant à sa belle-mère un amour fou pour lui. Rappelez-vous des conséquences : repoussée, Phèdre se plaignit auprès de Thésée le père d’Hyppolite en déclarant que celui-ci avait tenté de la violer. Phèdre se pendit ;  Hyppolite rejeté par son père et contraint à l’exil  mourut lui aussi de mort violente. Elle ne se contente  pas d’assouvir sa vengeance ; à travers son œuvre c’est les liens les plus sacrés qu’elles visent à détruire. A   Pasiphaé, elle inspire un accouplement avec un taureau !… Mais son plus grand crime, Mesdames et Messieurs les jurés, c’est sans conteste celui d’avoir provoqué la guerre de Troie…

      » Tout a commencé sur l’Olympe, le jour du  mariage de Thétis et Pelée.  Eris, la Discorde, lance une pomme avec cette inscription « A la plus belle ». Aphrodite, Héra et Athéna revendiquent aussitôt la pomme. Zeus demande alors à Pâris, fils de Priam, roi de Troie d’arbitrer en élisant la plus belle des déesses. L’une après l’autre, les trois déesses vont tenter d’infléchir le jugement de Pâris.  Héra met en valeur sa beauté et propose à Pâris l’empire d’Asie, Athéna lui offre l’invincibilité. Aphrodite la perfide dégrafe sa tunique, dénoue sa ceinture magique et promet au Troyen l’amour de la plus belle femme du monde. Et Pâris de tomber dans le piège ! Aphrodite  reçoit la pomme en cadeau et le Troyen n’a plus aucun mal à séduire  la belle Hélène, épouse de Ménélas,  roi de Sparte. Cet acte irresponsable provoqua comme vous le savez la guerre de Troie… Neuf années d’une guerre impitoyable, Mesdames et Messieurs les jurés ! Neuf années pendant lesquelles les mortels furent des pions, successivement entre les mains d’Athéna et Héra qui  soutenaient les Grecs, et d’Aphrodite qui s’était  rangée du côté des Troyens… » 

     Le procureur marqua une pause émue dans son réquisitoire,  la parole fut alors donnée à la défense :   

     «  Oui, Mesdames et Messieurs les jurés, nous savons tous que ma cliente fut à l’origine de la guerre de Troie. Et alors ? En avait-elle seulement l’intention ? Certes les voies entreprises par ma cliente ne sont jamais sans conséquence, mais ce serait lui faire injure que de traiter seulement le côté obscur de son âme. Ma cliente est soucieuse d’être honorée, n’est-ce pas légitime lorsqu’on est une déesse ? Certes elle se venge lorsqu’elle estime être bafouée mais elle sait aussi se montrer infiniment généreuse envers ceux qui la vénèrent. N’a-t-elle pas donné la jeunesse et la séduction à Paon qui inspire de l’amour à la poétesse Sapho ? N’a-t-elle pas donné la vie à la statue d’ivoire de Pygmalion, roi de Chypre ? N’a-t-elle délivré de ses chagrins  Sélemnos en lui donnant le don d’oublier ses peines ? De tels exemples se compteraient par dizaines… En vérité, la déesse sait répandre la joie et le plaisir autour d’elle… On nous dit qu’elle a trahi  son époux  Héphaïstos : la belle affaire ! C’est Zeus qui lui avait imposé ce mariage ! Il était le plus laid et le plus mauvais des dieux. Sait-on l’humiliation qu’il lui infligea alors ? Seul Hélios, le Soleil, en se levant pouvait la surprendre  accouplée au magnifique Arès. Mais un jour, Hélios ne put cacher son secret et le dévoila à Héphaïstos. Furieux celui-ci forgea un filet de chasse en bronze, si léger presque invisible. Et ce filet il le fixa aux colonnes de son lit de noces. C’est ainsi qu’il piégea les amants. Pervers, il voulut aller plus loin et rendit la chose publique. Les dieux accoururent de partout pour contempler Aphrodite vulnérable dans sa stupéfiante nudité. Imaginez son désarroi devant tous ces mâles, fussent-ils des dieux, qui jalousaient Arès… Imaginez-la à l’écoute de tous leurs sarcasmes. Il fallut que Poséidon promît de payer la dette pour que le couple fût libéré des mailles du filet. Aphrodite se rendit sans plus tarder à Paphos où elle puisa de nouvelles forces dans la mer… Et depuis ce jour  Aphrodite  n’a eu de cesse  de tromper son époux difforme et boiteux. Mais à qui la faute ? On la dit insensible aux liens sacrés de la famille. Comment explique-t-on alors qu’elle ait eu de si nombreux enfants ? D’Adonis elle eut Béroé, d’Anchise, Enée et Lyrus ; d’Arès, Deimos, Phoebus, Antéros et Harmonia ; de Hermès, Hermaphrodite ; de Phaéton, Astynous ;  de Dionysos, Priape qu’Héra jalouse dota d’un  phallus plus gros qu’un gourdin… » Le chahut grandissant dans la salle, le procureur donna un violent coup de maillet puis  fit appeler les témoins.

     « Vos nom, âge, qualité ? » demanda le juge en fixant du regard une femme toute vêtue de noir. «  Je m’appelle Daria, sœur d’Anchise, le roi des Dardaniens. » – « Je vous écoute dit le juge », surpris par cette entrée en matière.  – «  Je veux témoigner votre Honneur contre cette méchante femme… Elle a séduit mon frère puis l’a lâchement abandonné ! Zeus était attiré par sa fille à cause de la ceinture magique qu’elle portait. Vous comprenez : elle excitait son propre père ! Pour la punir il décida de l’humilier en la faisant s’éprendre d’un  mortel, le bel Anchise. Une nuit alors que mon frère dormait dans une cabane de berger, sur le mont Ida,  Aphrodite lui rendit visite et se donna à lui. A l’aube elle lui révéla son identité. Lorsqu’il réalisa  qu’il avait couché avec une déesse, il faillit devenir fou. Elle lui fit promettre de ne rien dire ; mais comment aurait-il pu cacher un tel secret ? Il se confessa à l’un de ses amis. Zeus  qui écoutait aux portes  interpréta ces paroles  comme une vantardise et lança contre lui le tonnerre. Aphrodite détourna l’éclair qui devait le tuer mais le choc rendit mon frère impotent.  Elle eut quand même deux enfants avec lui.  Puis elle l’abandonna : Anchise devenu infirme ne l’attirait plus. »

     Aphrodite dans le box des accusés ferma les yeux et soupira : « Ah ces mortels ! Comme ils sont injustes. Ils n’ont pas parlé de mon fils Enée que j’ai eu avec Anchise. Enée qui  défendit avec bravoure la citadelle de Troie... Quelle idiotie vais-je encore supporter ? » Le second témoin s’approcha de la barre. Aphrodite reconnut la muse Calliope qui autrefois arbitra un conflit entre elle et Perséphone. « De ce conflit, tôt ou tard, il devait être question.  A mes dépens », songea-t-elle  avec  lassitude.

          Calliope brandit vers le juge un grand bouquet d’anémones rouges. «  Ceci est le sang d’un homme, dit-elle avec acrimonie, et ce qui reste de son corps ! Il s’appelle Adonis, Votre Honneur. Adonis né d’une union incestueuse entre Myrrha et son père Cinyras, roi de Paphos à Chypre.  Myrrha  négligeait le culte de la déesse ; Aphrodite pour se venger lui inspira le désir de coucher avec son père. Lorsque le roi s’aperçut qu’il était à la fois père et grand père d’Adonis il voulut  tuer sa fille. Mais il n’y parvint pas, les dieux transformèrent Myrrha en arbre à myrrhre.  L’arbre fut fendu en deux sous la charge d’un sanglier et Adonis en sortit vivant. Aphrodite, séduite par la beauté de l’enfant,  le coucha dans un coffret et le confia à Perséphone. Plus tard celle-ci tomba amoureuse du magnifique adolescent et refusa de le rendre à Aphrodite. Zeus ne voulut pas trancher et me confia cette responsabilité. Il fut établi alors qu’ Adonis passerait le tiers de l’année avec chaque déesse et le reste de son temps comme il l’entendrait. Mais c’était sans compter la rusée Aphrodite qui parvint, grâce à sa ceinture magique, à retenir plus longtemps l’adolescent dans son lit. Un jour Adonis perdit la vie de la même manière qu’il vint au monde : sous la charge d’un sanglier. Avant de mourir il perdit beaucoup de sang.  Aphrodite de son sang fit naître les anémones que vous avez sous les yeux, Votre Honneur. »

     Dans son box tout à coup trop étroit pour elle, Aphrodite faillit s’évanouir. Oui, Adonis, elle l’avait aimé. Sa mort l’avait fait souffrir, les mortels ne pouvaient pas l’ignorer. Elle s’estima bafouée et ne voulut plus rien entendre.  Ce procès d’ailleurs ne l’amusait plus ; elle se concentra un instant, prit son inspiration et souffla dans la salle. Mille vents ébranlèrent le tribunal qui disparut bientôt sous une épaisse couche de poussière. Comme autrefois, après avoir été libérée du piège d’Héphaïstos, Aphrodite éprouva le besoin de se purifier au contact de la mer. Elle s’approcha du lieu de sa naissance, Petra tou Romiou. La poitrine en avant elle se lança à l’assaut des premières vagues.

     Avant de disparaître, elle sourit en se rappelant les paroles1 d’un voyageur à Chypre, le sieur Rimbaud qui l’avait consolée de la morale des hommes :

 « Je crois en toi ! je crois en toi ! Divine mère,

Aphrodite marine ! – Oh ! la route est amère

Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix ;

Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c’est en toi que je crois !

– Oui, l’Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste. »                                                                                                        

    Notes

 

  1 Soleil et Chair, 1870

 

Bref aperçu historique

de l'île d'Aphrodite (Chypre)

 

     Chypre est la troisième plus grande île de la Méditerranée. Au carrefour de l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Cela explique en partie son histoire très mouvementée.

      La découverte du cuivre dans l'île vers 3000 ans av. J.-C a eu une influence considérable sur son histoire. Elle a contribué au développement du commerce qui s'établit avec le Proche-Orient, l'Egypte et l'Egée.  L'événement de l'âge du bronze fut l'installation des Achéens (13è siècle av. J.-C.) qui apportent avec eux la  culture grecque. Vers 1000 av. J.-C. neuf royaumes-villes sont fondés parmi lesquels Paphos.

     L'île s'hellénise et devient la proie des Assyriens, Egyptiens et Perses. Alexandre le Grand, roi de Macédoine  vainc la Perse à Issos et intègre Chypre à son empire (333-325 av. J.-C.).  Au moment du partage de celui-ci (guerre de succession entre les généraux d'Alexandre), Chypre devient une province de l'empire des Ptolémées d'Egypte. Les royaumes-villes disparaissent, l'île est unifiée et sa capitale devient Paphos. Chypre connaît alors  une période de prospérité.

     En 58 av. J-C., les Romains soustraient Chypre à la domination égyptienne. Lorsque l'empire romain se divise au IVè siècle , l'île s'agrège à l'empire byzantin. Le christianisme est désormais la religion dominante. La période byzantine ( 330-1191) a laissé un héritage architectural et artistique de premier plan (par exemple, le monastère de Kykko fondé en 1100, évoqué dans Cypris).

     La flotte de Richard Cœur-de-Lion (1191-1192) en route pour la Troisième Croisade fait naufrage au large de l'île. Isaac Commène, le gouverneur byzantin, se montre peu hospitalier avec les survivants. Richard Coeur-de-Lion n'apprécie pas et s'empare de l'île. Il la revend aux Templiers qui la revendront aux Lusignans de France. Le modèle féodal de l'Occident prévaut alors dans l'île. La dernière reine des Lusignans cède ses droits à la République de Venise qui gouverne Chypre (1489-1571).

     En 1570, les Turcs attaquent l'île, s'emparent de Lefkosia et massacrent la population de Lefkosia. Chypre est annexée par l'Empire Ottoman après le siège d'Ammochostos qui dura une année. L'Eglise latine est expulsée cependant que la foi orthodoxe grecque est rétablie. L'Archevêque, chef des orthodoxes, est leur représentant auprès du Sultan. Lorsque la Révolution grecque éclate en 1821, Kyprianos, l'Archevêque de Chypre, sera exécuté par les Turcs. La minorité musulmane acquiert l'identité chypriote.

    

En 1878, les Turcs cèdent Chypre aux Anglais (ces derniers leur avaient promis de les aider en cas d'agression russe contre leurs provinces frontalières). La Grande-Bretagne se charge de l'administration de l'île qui fait partie de l'Empire Ottoman jusqu'en 1914,  et l'annexe à la Couronne à la suite de l'entrée en guerre de l'Empire Ottoman aux côtés de l'Allemagne.

     La colonisation anglaise dure jusqu'en août 1960, date à laquelle les Chypriotes grecs après quatre années de guerre obtiennent l'indépendance de l'île. En fait, la Constitution de la République de 1960 n'est pas viable. Elle créait des conflits entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs à qui on avait accordé des privilèges excessifs (par exemple, les Chypriotes turcs qui constituaient 18% de la population obtenaient des droits de participation à hauteur de 30% au gouvernement et à la fonction publique ;  40% d'entre eux pouvaient être admis dans l'armée et la police).

    En 1974, la Turquie prend comme prétexte le coup d'Etat du 15 juillet monté par la junte militaire grecque contre le gouvernement chypriote  pour envahir Chypre. 37% du territoire de l'île est désormais sous occupation militaire turque. 200.000 chypriotes grecs (40% de l'ensemble de la population chypriote grecque) ont été forcés d'abandonner leurs foyers pour devenir des réfugiés. Depuis lors, la violation continue des droits de l'homme du peuple chypriote est sans cesse condamnée par les instances internationales.

 Et aujourd'hui…

     La Turquie ignore toujours les résolutions des Nations unies qui demandent le respect de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de la République de Chypre. Le gouvernement turc entend  consolider l'occupation et le partage de l'île. Mais la donne a changé : la Commission européenne confirme l'éligibilité de Chypre à devenir membre à part entière de l'Union. D'autre part, les Chypriotes turcs préfèrent mettre en avant leur identité de Chypriotes turcs. Ils attribuent leur sous-développement (les Chypriotes grecs  eux ont un revenu national brut par habitant parmi les meilleurs en Europe) à la Turquie. La question chypriote est perçue comme un obstacle majeur sur la voie qui mène à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Le bon sens économique aura-t-il raison de l'entêtement d'Ankara à ne considérer l'île que du seul point de vue stratégique ?