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Lilith !
J’avais appris au catéchisme que Dieu avait créé l’homme à son image, puis avec une côte de ce dernier, il avait créé la femme.
Cela n’est pas vraiment honorable pour cette dernière d’avoir été créée avec la côte de son mec !
Enfin, c’est comme cela : ainsi vinrent Adam et Eve.
Mais, certains, pas vraiment convaincus de cette “infériorité” de la femme, découvrirent une autre histoire.
Dieu, avant ces événements, avait bien créé l’homme et la femme avec de la boue (enfin, de la terre quoi... ne pas confondre avec le Golem !)
Mais dites-vous : “On ne parle jamais de Lilith dans la bible !”
Presque jamais.
Dans le Livre d’Isaïe (XXXIV,14), à propos des ruines d’Edom :
“Et c’est l’oasis des chacals, un courtil à hiboux. Les lynx y rencontrent les chacals, le satyre y crie contre son compagnon. Là, se délasse Lilith ; elle s’est trouvé un reposoir”(Traduction Chouraqui).
La légende de Lilith la montre comme une espèce de démon qui, la nuit, prend le sperme des hommes . “Elle se présente comme la profanatrice de la semence masculine “, écrit Jean Markale dans son ouvrage “L’énigme des vampires”. C’est en quelque sorte l’épouvantail dressé par la religion contre toutes les pratiques sexuelles qui font aller le sperme ailleurs que dans son réceptacle reproducteur.... C’est la déesse de la fellation, la sodomisation et la masturbation.
Ainsi, Lilith voudra toujours prendre la place de l’épouse légitime. C’est normal puisque cette dernière ne devait servir qu’à la procréation.
Cette légende de Lilith est une vieille tradition hébraïque. Donc Dieu a créé Adam et Lilith. Mais l’homme voulut gagner sa prépondérance de mâle et Lilith ne l’accepta pas. Elle s’enfuit et invoqua Dieu qui lui donna des ailes. Mais Adam se plaignit de se voir privé de son épouse et Dieu envoya trois anges pourchasser la rebelle qu’ils rattrapèrent au bord de la mer Rouge. Elle refusa d’obtempérer ; les anges tentèrent de la noyer alors qu’elle était en train de changer d’avis. Elle finit par accepter et Dieu la donna à Sammaël l’Archange révolté. (Heureusement qu’il y en a qui se révoltent...) Le nouveau couple mena une vie sexuelle dissolue ( !) puisque Lilith exigea l’égalité entre eux et que l’Archange noir dut accepter, lorsqu’ils s’accouplaient qu’ils fussent alternativement en dessous et au-dessus... Comme ça ne pouvait pas aller, Dieu donna une autre femme à Adam qu’il fabriqua avec sa côte.
Eh bien, au catéchisme on ne m’a jamais parlé de Lilith ! Et vous ?
Cette méchante Lilith, très jalouse, n’accepta pas de voir Adam marié à une autre, qu’elle méprisait car Eve est soumise à son mâle protecteur ; Elle va donc se transformer en serpent pour tenter la malheureuse. Eve va croquer la pomme et ce sera le péché originel. Ah ! Ces bonnes femmes !
Ainsi, comme l’écrit Markale : “Lilith, règne sur un univers caricatural qu’elle s'efforce de conduire à la dislocation et à la désintégration.” Une vraie révolutionnaire quoi !
En attendant, Lilith a eu de nombreuses descendances avec l’ange noir Sammaël. Elle a eu de nombreux fils qui sont des démons.
C’est un personnage important de l’esprit humain. Elle a été longtemps maintenue dans l’ombre, occultée par les théocrates des religions officielles. Elle dérange.
Et Jean Markale de conclure : “Le vol de Lilith, le frôlement de ses ailes, son cri de détresse et de mort dans sa nuit peuplée de spectres inquiétants, réveillent les terreurs les plus profondes et les plus lointaines de la mémoire humaine.”
Ensuite, on lie souvent le mythe de Lilith à celui des incubes et des succubes.
Ce sont des créatures de la nuit. Celles que je préfère.
Les “mâles” sont les incubes et les “femelles” sont des succubes. Enfin, pour simplifier.
Dans son roman “Là-bas”, Huysmans met en scène une succube dont est amoureux le héros qui écrit une biographie de Gilles de Rais. Voyez, les grands écrivains aussi se sont intéressés à la question. Voilà comment il décrit la “chose” :
“Et elle ouvrit tout grand des yeux qui crépitèrent.(...)
“Lestement il se glissa dans les draps.
“Il serrait une morte, un corps si froid qu’il glaçait le sien ; mais les lèvres de la femme brûlaient et lui mangeaient silencieusement la face.”
Oui, alors, je me demandais : d’où vient cette légende des incubes et des succubes ?
Jean Markale (toujours lui !) apporte l’explication suivante.
Une vieille tradition juive disait que lorsque Caïn tua son frère Abel, Adam cessa d’avoir des rapports avec sa femme. La nuit, en état de manque, il était fréquemment visité dans son sommeil par des esprits féminins, qui “des ces unions furtives, engendraient des esprits et des démons dotés chacun de pouvoirs particuliers.”
Ah ! les rêves érotiques, que n’ont-ils produit de croyances et de légendes ! Ce sont donc eux qui sont à l’origine du mythe des incubes et des succubes. Les “cartes de géographie” que nous laissions sur nos draps après éjaculation nocturne involontaire ou volontaire, c’était une succube, voire Lilith.
Mais ne nous plaignons pas, les pauvres religieuses du film “Les diables” de Ken Russel (film tiré d’une histoire vraie) se croyaient possédées par le démon car elles avaient des rêves érotiques inspirés par un curé particulièrement sexy...
Cette question des incubes et des succubes est traitée dans un ouvrage : “De la démonialité, et des animaux incubes et succubes”, écrit par un certain Louis Marie Sinistrari D’Ameno, de l’Ordre des Mineurs Réformés de l’étroite observance de Saint François. Ce texte aurait été écrit au XVIIème siècle, mais le manuscrit fut découvert à Londres en 1872, écrit en latin.
Et que dit ce brave homme ?
Il se pose d’abord des questions.
Première question : les incubes et les succubes sont-ils des animaux. Ou autrement dit, forniquer avec un incube ou un succube s’apparente-t-il à la bestialité,
Non ! Répond-il.
Pourquoi de grands hommes comme Romulus et Remus, Platon, Alexandre le Grand, Scipion l’Africain, César-Auguste etc... sont-ils alors des enfants d’incubes ? Eh bien parce que, contrairement à ce qu’avancent les Théologiens et les Philosophes, les incubes et les succubes sont d’essence divine !
Donc, ce ne serait pas un péché de copuler avec eux ?
Si ! Répond le docte ecclésiastique.
Je le cite dans ses conclusions : “... l’Incube du chef de son esprit raisonnable et immortel est égal à l’homme ; du chef de son corps plus noble et plus subtil, il est plus parfait et plus digne que l’homme.
(...)
“Hommes et femmes, en s’unissant ainsi avec des Incubes qu’ils ne savent pas être des animaux, mais croient être des diables, pèchent par intention ou erreur de conscience, ex conscientia erronea, et leur péché est le même en ayant affaire à des Incubes que s’ils avaient commerce avec les diables ; d’où il suit que la gravité de leur crime est exactement la même.”
Ah que voilà un bon raisonnement qui rend la justice : l’enfant d’un accouplement dont on ne connaît pas le deuxième membre du couple (et alors il ne peut s’agir que d’Incube surtout dans le cas de religieuses “engrossées”) n’est pas à blâmer, au contraire, il a des qualités, mais la mère a automatiquement commis un péché !
Ah voilà la belle utilité morale du mythe des Incubes...
Mais maintenant excitons-nous un peu et regardons comment ils font.
Vous êtes couche (ou couchée) avec votre conjoint et vous dormez (il faut absolument dormir) ; survient un Incube.
Dans un premier temps il se transforme en succube et fornique avec le mec pour recueillir son sperme. Puis, il redevient incube (et là mesdames, quel fantasme il satisfait !) muni de deux phallus un pour chaque orifice si près l’un de l’autre chez la dame et hop ! Fécondation artificielle !
Ah, je vous entend dire : et alors à quoi ça sert ?
Eh bien à former des démons, des filles de Lilith, des génies, tout ce que vous voudrez !
Mais l’essentiel est que chacun y a pris son plaisir.
Et Jean Calmet alors ?
J’y arrive !
Abbé de Sénones.
Ce brave homme du XVIIIème siècle écrivit un fameux texte : “Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenants de Hongrie, de Moravie, etc.”
Cet homme n’y croyait pas aux vampires et aux revenants. Il a fait cette étude pour prouver qu’ils n’existent pas.
Dans sa préface de l’édition que j’ai en ma possession, il écrit : “L’imagination de ceux qui croient que les morts mâchent dans leur tombeau, et font un bruit à peu-près semblable à celui que les porcs font en mangeant, est si ridicule, qu’elle ne mérite pas d’être sérieusement réfutée.” Dit-il, mais il le fait quand même !
Pourquoi ? Parce que cela méritait quand même d’être fait tant ces croyances étaient répandues.
Mais me direz-vous, que vient faire Dom Calmet dans ce dossier ?
Vous n’avez pas compris ?
C-A-L-M-E-T, ça ne vous dit rien ?
Voilà ! C’est bien sûr. Vous pensez à Jean Calmet...
Et vous avez raison, car Jean Calmet est le descendant direct de Dom Calmet qu’on voit apparaître brièvement au début de cette histoire. Mais ce brave Jean l’ignore.
Chut, ne lui dites pas car il l’apprendra dans une prochaine histoire....