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Au fil du
Rhône histoires d’écologie Alain
Pelosato |
« A la lecture de son livre Au fil du Rhône, histoires d’écologie,
Alain Pelosato aurait bien été dans le film de Marc Jolivet La très très grande entreprise… »
Mathieu Vidard,
journaliste et animateur radio, lors de l’émission de France Inter
La Tête au carré du 21/10/2008
Du lac Léman à Port-Saint-Louis
On a construit des barrages,
creusé des canaux, bétonné ses berges. Le Rhône, c’est d’abord une voie de
communication. « Vierge de toute intervention humaine, le fleuve ne
se laissait pas utiliser si facilement », souligne l’auteur
d’« Au fil du Rhône ». On a donc construit des barrages -
dix-huit hachent aujourd’hui le fleuve -, on a creusé des canaux
parallèles à son cours naturel - au risque d’assécher son lit et de provoquer
de graves pollutions -, on a bétonné ses berges pour y installer autoroutes
et voies ferrées. Le Rhône, c’est aussi le poisson. La
pêche a toujours été une ressource en nourriture importante pour les
riverains. Les « pirates du Rhône » y trouvaient leur
« fortune » : une friture généreuse qui faisait les
délices des Lyonnais. Le Rhône, c’est surtout l’eau. Une masse
d’eau si abondante, des courants si forts que certains ont imaginé le Rhône
capable de tout avaler. Aux portes sud de Lyon, l’industrie a donné le plus
mauvais exemple qui soit : un accaparement du fleuve. Utilisé comme égout, le Rhône
était ravagé par la pollution. Qui parlait écologie en 1971 ? Il y
a plus de vingt ans pourtant, Camille Vallin, maire de Givors, ancien
sénateur communiste, fonda l’Association pour la défense de la nature et la
lutte contre les pollutions de la vallée du Rhône. Quelques années plus tard,
cette association eut deux petites soeurs : l’Association sud pour les
régions proches de la Méditerranée, l’association Aevramont
du lac Léman à Lyon. Si l’ouvrage d’Alain Pelosato fourmille
d’informations, de détails sur la vie quotidienne au bord du Rhône, son
principal mérite est de raconter les premiers balbutiements d’une lutte qui
devait tout inventer pour sauver le Rhône de l’asphyxie. « Nous ne disposions d’aucune
information sur les pollutions industrielles, leur nature, leurs origines.
Une prospection systématique des bords du Rhône, le recueil de toutes les
informations que les communes avaient en leur possession ont permis une
première esquisse de l’état du fleuve. Ce n’était pas brillant ! »
(page 43). Plusieurs années ont été nécessaires pour
« faire le point le plus exact possible », « porter
quelques estocades aux pollueurs » et éditer, en 1981, le
« Livre blanc de la pollution du Rhône », une publication sans
précédent qui recensait, entreprise par entreprise, commune par commune,
toutes les pollutions du fleuve. En vingt ans, l’association a acquis ses
lettres de noblesse. Les conclusions de son colloque de Montélimar (1980)
sont, pour une large part, reprises dans les objectifs d’action de l’Agence
et du Comité de bassin Rhône-Méditerranée-Corse. Des procès retentissants
lancés à son initiative ont imposé une législation plus stricte et plus
sévère pour les pollueurs, comme celui ouvert en 1976 contre PCUK. « Le
plus important, note Alain Pelosato, c’est que nos actions ont débouché sur
une véritable prévention. » « Quand on regarde l’évolution
des pollutions dans la vallée du Rhône depuis vingt ans, on ne peut que
constater de grands progrès », assure-t-il (page 95). (...) « Mais
un long chemin reste encore à parcourir pour un meilleur environnement dans
la vallée. » L’écologie doit devenir un des
critères de gestion essentiels de la société PAS de recette miracle pour l’association
qui a participé, en 1981, à la création du Mouvement national de lutte pour
l’environnement (MNLE) et dont Alain Pelosato est l’un des secrétaires
nationaux, sinon un souci de démocratie et de transparence. « Le
pouvoir de l’homme de modifier la planète est immense et il ne cesse de
grandir, conclut Alain Pelosato. Concentré en quelques mains, ce pouvoir
risque de mettre en cause l’existence même de la Terre. Les luttes pour sauvegarder la
nature sont donc aussi des luttes pour la liberté et la démocratie. Reconquérir un environnement meilleur
pour les hommes et de meilleurs équilibres écologiques ne peut pas et ne doit
pas se faire au détriment du développement économique, du progrès
scientifique et technique. L’écologie doit être considérée, au même titre que
la technologie et la formation des hommes, comme un élément déterminant de la
production moderne. Elle doit devenir un des critères de
gestion essentiels des entreprises dans laquelle les salariés ont un rôle
éminent à jouer. » Didier Berneau Dans le journal L’Humanité du 22 mai 1992 |
Le texte du livre « Au fil du Rhône » a été intégré dans un ouvrage
publié en 2010 chez Edilivre et intitulé : « Explorations ».
Voir ce livre chez l’éditeur :