Une percée danoise dans le domaine
des nouvelles techniques de communication :
la mémoire quantique
Une équipe de recherche dirigée par Eugene Polzik,
Professeur à l'Institut Niels Bohr de Copenhague, a fait une découverte
déterminante pour le développement d'une nouvelle génération d'ordinateurs et
d'internet : la mémoire quantique.
Une communication consiste en deux étapes : le transfert d'information puis son
stockage. La lumière constitue un bon transporteur d'information. Pour le
stockage on utilise des atomes dont une des caractéristiques est leur capacité
à pouvoir être au repos (contrairement à la lumière).
Une onde lumineuse peut être caractérisée par deux variables complémentaires :
l'amplitude et la période. Or le "principe de complémentarité"
découvert par Niels Bohr il y a plus de 80 ans établit que les propriétés
complémentaires d'un système physique ne peuvent pas être définies précisément
en même temps. Par conséquent, si l'on encode de l'information dans l'amplitude
et la période d'un rayon lumineux, cette information ne pourra être récupérée
qu'avec une très relative précision.
Dans les méthodes actuelles de communication les informations, contenues à la
fois dans l'amplitude et la phase de l'onde lumineuse, sont mesurées puis
transmises aux atomes. Or d'après le principe de complémentarité, on ne peut
pas effectuer une mesure précise de l'amplitude et de la période en même temps.
On ne peut donc obtenir qu'une mesure approximative des deux à la fois.
L'information transmise aux atomes (modification de leur spin d'après les
mesures précédemment obtenues) est donc très approximative, d'autant plus
qu'eux même contiennent du bruit quantique. Le spin d'un groupe d'atomes est en
effet caractérisé par deux directions qui sont deux propriétés complémentaires
et ne peuvent donc pas être définies précisément en même temps.
Eugene Polzik et son équipe ont découvert une méthode permettant de transférer
l'information d'une impulsion lumineuse à un groupe d'atomes avec une fidélité
bien supérieure à la méthode classique. Leur procédé peut être décomposé en
trois étapes :
- tout d'abord, un faisceau lumineux est envoyé sur des atomes de césium. Si
l'expérience est réalisée correctement, une partie de l'information de l'onde
lumineuse (la phase) est transmise aux atomes. Dans le même temps, les atomes
agissent aussi sur le faisceau lumineux.
- la lumière résultante, contenant des informations à la fois sur l'amplitude
de l'impulsion initiale et sur les atomes, est mesurée. D'après le principe de
complémentarité, cette mesure ne fournira aucune information sur la phase de
l'onde lumineuse mais cette information n'est pas nécessaire puisqu'elle a déjà
été stockée dans les atomes.
- finalement, grâce à un système de rétroaction (champ magnétique à fréquence radio),
les spins des atomes sont polarisés en fonction des résultats de la mesure
précédente.
Le résultat est le stockage de l'onde initiale (amplitude et période) dans le
système atomique : c'est ce que l'on appelle la mémoire quantique. Avec cette
méthode les informations contenues dans une impulsion lumineuse sont transmises
avec 70% de fidélité au système atomique, ce qui est bien au-delà des limites
de la méthode classique.
D'après l'équipe de chercheurs, les différents types d'applications possible (ordinateur
quantique, internet quantique, techniques de cryptographie quantique...)
pourraient être réalisables d'ici 5 à 15 ans.
|