Les photons exerceraient une friction
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/20290.htm
La revue internationale "Physical review letters"
a publié l'étude théorique, "Résistance universelle thermique et de radiation
des corps neutres", réalisée par une équipe de chercheurs slovènes,
dirigée par Rudolf Podgornik de la Faculté de mathématiques et de physique de
l'Université de Ljubljana et collaborateur de l'Institut Jozef Stefan.
Des objets en mouvement dans un vide ou même un espace interstellaire font
l'objet d'une friction universelle des photons, selon l'analyse de l'équipe
slovène. Même si la résistance exercée est minime, les chercheurs slovènes
pensent que cela peut changer les estimations des cosmologues au sujet du temps
nécessaire aux atomes pour fusionner après le big bang. Cette hypothèse est
controversée par certains cosmologues qui estiment que, même si l'effet est
réel, il n'est pas pertinent en cosmologie.
Si l'on met deux pièces de métal à proximité l'une de l'autre, elles vont
toujours, soit s'attirer, soit se repousser, même dans un vide, selon l'effet
Casimir. Cet effet est le fait des photons virtuels, particules de lumière, qui
traversent l'existence. Cet effet provoque une friction lorsqu'un bout de métal
passe à côté d'un autre. Rudi Podgornik, de l'Université de Ljubljana et son
équipe ont imaginé ce qui se passerait dans le cas ou une seule pièce de métal
serait en mouvement dans l'espace.
Leurs calculs montrent qu'un objet seul est également soumis à une friction.
Elle proviendrait d'une multitude de photons réels émis par tout ce qui
l'entoure. Des lunettes de vision de nuit prouvent que tout organisme dégageant
de la chaleur émet une lumière infrarouge, mais même l'espace intergalactique
glacial est inondé de photons micro-ondes qui ralentiraient graduellement un
corps en mouvement dans l'espace. La friction a lieu du fait que l'objet en
mouvement absorbe plus de photons à sa surface antérieure que postérieure.
Après avoir décrit le mécanisme, l'équipe slovène a calculé le temps qu'il
faudrait à différents matériaux pour être ralentis en fonction des situations.
Un métal subirait une résistance supérieure à un objet non-métallique, selon
l'équipe de Podgornik, parce que le métal peut absorber la lumière à toutes les
fréquences. Dans l'espace intergalactique, le ralentissement d'un objet
macroscopique ne serait notable qu'après plusieurs milliards d'années. Dans un
four à 1000 degrés, une molécule d'eau aurait besoin de moins de cinq mois pour
s'arrêter complètement, en supposant qu'elle ait démarré à la température du
four.
Un co-auteur, Wayne Saslow de Texas University estime que l'effet frictionnel
peut avoir ralenti le mouvement des débris chauds du big bang et le
regroupement de matière qui a permis la création des galaxies. Il pense que la
friction a accru l'homogénéité de l'univers et a pu retarder la formation des
atomes, même si l'effet est trop faible pour être détecté par l'intermédiaire
des observations actuelles.
Les réactions du monde scientifique à cette étude sont variées. "J'ai
trouvé que cet article était passionnant," a déclaré John Pendry du
College Impérial de Londres. "L'idée que les photons puissent être un
fluide visqueux est une notion intrigante." Le cosmologue Jim Peebles, de
l'Université de Princeton dans le New Jersey est moins impressionné et pense
que cet effet est réel, mais était déjà pris en compte par les cosmologues
depuis longtemps. Le cosmologue Fred Adams, de l'Université du Michigan, pense,
lui, que si les prédictions de l'équipe slovène en ce qui concerne les débuts
de l'univers sont justes, alors leur découverte serait très importante."
|